Experts français et britanniques discutent du charbon

Confusion des langues

Le terrible est toujours cette espèce de confusion des langues qui pèse sur la conférence. On continue de ne pas parler la même langue.

Quand on aborde un problème, on le sait emprunt de considérations  si différentes que le rapprochement est impossible. Ces derniers jours, l'affaire des biens allemands et autrichiens vient encore de l'illustrer.

Georges Bidault a essayé de proposer non pas à proprement parler une solution mais quelques directives qui permettent aux adjoints de reprendre l'étude du problème.

M. Molotov ayant maintenu l'interprétation de ce que nous venons d'indiquer, nous retrouvons la confusion des langues.

En effet, pour les Anglais, les Américains et les Français, la question des biens allemands et autrichiens est une question d'ordre moral de justice.

On ne peut admettre que les Autrichiens ou les Alliés soient privés de leur avoir sous prétexte qu'à un moment donné les Allemands les ont spoliés. Pour le réalisme foncier des Russes – réalisme terre à terre que j'apprends à connaître – l'affaire ne se présente pas sous cet angle. Pour eux, il s'agit surtout de savoir si avec les biens allemands situés dans les pays qu'ils se sont réservés, Anglais et Américains ne touchent une part de gâteau plus forte que la leur. En un mot, et la chose ressort clairement d'un article paru dans la presse soviétique sous la signature de M. Labine, il s'agit de savoir si ces Anglo-Saxons ne veulent pas toucher ainsi des réparations plus substantielles que l'URSS et pour qu'il n'en soit pas ainsi, on donne au texte imprécis de Potsdam un sens qui permet de prendre tout ce qu'on peut.